Tente « 2 Seconds » : la p'tite boîte qui a fait plier Décat

[le marsupilami]

Tente « 2 Seconds » : la p'tite boîte qui a fait plier Décathlon...

Publié le 10/08/2012
La Voix du Nord
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Camping, ton univers impitoyable : il y a 6 ans, le groupe Décathlon tentait d'interdire la production de tentes autodéployables, au moment où il lançait sa « tente 2 Seconds ». Une toute petite société de Marcq-en-Baroeul, « Leisure'n Pleasure », s'est alors retrouvée au centre du conflit, sûre de son bon droit. Le TGI de Lille vient de lui donner raison, après six années de procédure. Son patron a accepté de revenir sur cet incroyable bras de fer face à la multinationale de Villeneuve-d'Ascq.

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À ma droite, à Villeneuve-d'Ascq, le groupe Décathlon, 53 000 salariés à travers le monde pour 6,5 milliards de chiffre d'affaires (HT). À ma gauche, à Marcq, puis à Lille, Leisure'n Pleasure, une PME commercialisant des produits de camping pour la chaîne Intersport et la grande distribution. Une petite boîte fondée par un pur Lillois, aujourd'hui âgé de 37 ans, ancien de l'École supérieure de commerce (ESC) de Lille et ancien acheteur dans le camping pour le groupe Carrefour.
 
 
La première chambre civile du TGI de Lille vient de donner raison à ce dernier. Sur quel point ? Tout simplement le droit de fabriquer et commercialiser des tentes « pop up », ces tentes qui s'ouvrent en quelques secondes et que Décathlon a rendues célèbres (et très rentables) avec sa « 2 Seconds  ». « En fait, depuis que je m'étais mis à mon compte, en 2002, j'ai toujours été agent commercial pour des usines chinoises de fabrication de tentes. Et des "pop up", on en fabriquait », explique le patron de Leisure'n Pleasure, qui préfère rester discret sur son identité, au terme de ces six années de pugilat judiciaire. « Mais nous, on n'en faisait pas avec la chambre intérieure, comme il y a dans les tentes habituellement ». Or, en janvier 2006, le groupe Décathlon commence à communiquer sur une innovation : la tente qui s'ouvre en deux secondes ! « Mes clients, notamment Cora, Carrefour, Casino, Auchan et Intersport, m'ont alors demandé si je pouvais en faire. J'ai répondu "Pas de souci, c'est facile", j'ai filé en Chine et quelques semaines plus tard, on était prêts ».
Seulement, en mars 2006, le service juridique du groupe né à Englos écrit aux clients : « Le produit est breveté, il est donc protégé  ». Gare aux poursuites. Les quatre enseignes de la grande distribution abandonnent. Et seule la chaîne Intersport accepte d'en commercialiser. Décathlon attaque.
Leur argument : ils ont inventé la 2 Seconds. « Faux, ils avaient alors trouvé deux ou trois innovations sympas, comme le fond de la tente attaché par de petits élastiques, mais ces innovations-là, je ne les utilisais pas dans ma tente ». Surtout, précise le Marcquois, « la tente pop-up existe depuis... 1976 ! C'est un Américain, Norman, qui l'a inventée. Et entre  1976 et 2004, pas moins de 24 brevets, améliorant le dispositif, ont été déposés. Bref, Décathlon a repris l'idée et y a fait deux ou trois innovations, dans les aérations ou le double plancher ».
Évidemment, tout cela est une affaire de gros sous. Mais elle va se transformer en bataille d'experts : Décathlon a-t-il inventé la tente pop-up ? Et surtout peut-il interdire la vente à tout le monde. « Ce qui est formidable, c'est que le juge, à Lille, a été un vrai pro : il a attendu les décisions de l'Office européen des brevets (OEB). » Une fois, deux fois, cinq fois, le brevet « décathlonien » va être rejeté, pour « défaut d'activité innovante ».
« L'OEB m'a donné raison. Heureusement, car s'ils avaient gagné, ils m'auraient coulé. Cela dit, je n'ai rien contre Décathlon, ils font de super produits. Mais là, j'étais sûr de mon bon droit. Ils n'avaient pas le droit de nous interdire de fabriquer ce genre de tentes  ».

L'astuce...

« L'astuce de Décathlon est la suivante, avance maître Martin Grasset, l'avocat de Leisure'n Pleasure, après avoir déposé un brevet pourtant dépourvu d'activité inventive, Décathlon assigne systématiquement ses concurrents, pour s'approprier un produit pourtant libre de droits et gêner le jeu loyal de la concurrence. » La morale de cette version « camping » de David contre Goliath risque tout de même de décevoir les amoureux des histoires qui se terminent bien : depuis 7 ans, en raison des menaces de poursuites formulées par Décathlon, personne en France n'a osé commercialiser ce genre d'équipements. Et en 7 ans, Décathlon a imposé sa marque, ses tentes. On parle de 400 000 tentes « 2 Seconds » fabriqués chaque année en Chine. Mais là encore, pas facile de vérifier : au moment de la fixation des dommages et intérêts, Décathlon a contesté les chiffres avancés par Leisure'n Pleasure. Mais a refusé de communiquer au juge ses chiffres de vente. Et l'histoire n'est pas finie, car l'enseigne sportive a décidé de faire appel du jugement rendu par le TGI.
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PAR BENOIT DESEURE

[krwiss]

Le problème n'est pas que d4 use de ce genre de procédé... le problème est qu'il soit possible de faire ce genre de chose.
C'est immoral mais c'est légal.

Après, le service juridique n'est sûrement pas en contact avec le service qualité, fabrication, etc. les gars défendent leur boîte comme ils en défendraient une autre avec les armes à leur disposition. Et les autres boîtes ne se gènent certainement pas pour recourir aux mêmes procédures quand c'est possible.

[sebo]

C'est dégueulasse ce  genre de pratique et pourtant la loi ne change rien et on laisse faire... 
C'esteexactement comme le groupe Bouygues construction qui s'amuse à faire travailler de petits artisans pendant des moi sans les payer forcément,   le petit avance les sous pour faire le chantier jusqu'à ne plus pouvoir garder la boite viable financièrement,  de la,  la boite déposé le bilan et Bouygues et sa pléiade d'avocats face au petit artisan ne paie jamais...

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